: August Strindberg
: La Sonate des spectres - Éclairs
: Books on Demand
: 9782322455645
: 1
: CHF 3.50
:
: Dramatik
: French
: 95
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Un étudiant, résident d'un immeuble bourgeois de Stockholm, y rencontre le vieux Jacob Hummel et divers autres personnages, entre rêve (ou cauchemar) et réalité...

Johan August Strindberg, né le 22 janvier 1849 à Stockholm (Suède) et mort le 14 mai 1912 à Stockholm, est un écrivain, dramaturge et peintre suédois. Il fait partie des auteurs suédois les plus importants et est un des pères du théâtre moderne.

ACTE PREMIER


Quand le rideau se lève, plusieurs églises sonnent au loin. La porte d’entrée est ouverte à deux battants ; une femme, en vêtements sombres, se tient immobile sur l’escalier.

La Concierge balaie le vestibule ; puis elle frotte les cuivres de la porte et ensuite arrose les lauriers qui sont devant.

Dans un fauteuil roulant, placé près de la colonne d’affiches, est assis un vieux Monsieur qui lit son journal ; il a la barbe et les cheveux blancs et porte des lunettes.

La Laitière arrive en tournant le coin de la rue ; elle porte des bouteilles dans un panier en fil de fer ; elle a une robe d’été, souliers bruns, bas noirs et bonnet blanc.

Elle ôte son bonnet et l’accroche à la fontaine, essuie la sueur de son front, boit une gorgée au gobelet de la fontaine, se lave les mains et arrange ses cheveux en se regardant au miroir de l’eau.

On entend la cloche d’un vapeur, et les notes graves d’un orgue, venues d’une église voisine, traversent de temps à autre le silence.

Quand la laitière a achevé sa toilette, arrive, par la gauche :

L’ÉTUDIANT.Il semble encore mal réveillé, il n’est pas rasé. Il va à la fontaine. Un silence.

Puis-je avoir le gobelet ?

LA LAITIÈREtire le gobelet à elle.

L’ÉTUDIANT.

Tu n’as pas encore fini ?

LA LAITIÈREle regarde avec épouvante.

LE VIEUX,à part.

Avec qui parle-t-il ? Je ne vois personne. Est-ce qu’il est fou ? (Il continue à le considérer avec stupeur.)

L’ÉTUDIANT.

Pourquoi me regardes-tu ainsi ? Ai-je l’air si terrible ? Oui, je n’ai pas dormi cette nuit, et tu crois naturellement que je suis sorti, que j’ai fait la fête…

LA LAITIÈRE,même jeu.

L’ÉTUDIANT.

… que j’ai bu du punch, hein ? Est-ce que je sens le punch ?

LA LAITIÈRE,même jeu.

L’ÉTUDIANT.

Je ne suis pas rasé, je le sais bien… Donne-moi à boire, jeune fille, je l’ai bien gagné. (Un silence.) Eh bien, alors, il faut que je te raconte que j’ai, toute la nuit, pansé des blessés et veillé des malades ; j’ai, en effet, assisté hier soir à l’écroulement de la maison : tu sais tout, maintenant.

LA LAITIÈREemplit le gobelet et lui donne à boire.

L’ÉTUDIANT.

Merci.

LA LAITIÈREreste immobile.

L’ÉTUDIANT,lenteme