: christian Adam
: Génération Omega
: Books on Demand
: 9782322194636
: 1
: CHF 3.20
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: Hauptwerk vor 1945
: French
: 316
: DRM
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
En 2013 une pandémie atteint la race humaine insidieusement. Sans symptômes apparents, elle perturbe la fécondité par son tropisme électif pour les ovocytes féminins. La dénatalité s'accroit dès l'année suivante. Le docteur Christian Audran, gynécologue proche de la retraite, est dans les premiers à percevoir la situation. Par les hasards de ses fonctions à la société Scientifique de Gynécologie Obstétrique, il se retrouve confronté aux boulversements auxquels l'humanité doit faire face et côtoie le plus haut niveau politique. Il parvient à démontrer l'existence du virus et à l'identifier avec son équipe. Mais le vaccin tarde à venir et la natalité décroit de manière catastrophique. De médical le problème devient sociétal. Un homme politique avise, son ami Demoustier, affronte le problème et devient président de la république en 2027. Le pays, comme le monde entier, s'installe dans une situation inédite: 90% d'enfants en moins, quasi plus d'école ni de maternité et un défi démographique majeur, la charge d'une population vieillissante. Une petite lueur d'espoir qui survient suffira t'elle à sauver l'humanité ou la génération Omega sera t'elle vraiment la dernière génération de l'humanité?

L'auteur est belge, médecin dermatologue, retraité. Il vit à présent dans le Lot où il exerce encore sa spécialité à temps partiel. Il consacre ses loisirs à l'écriture

LES PROGRETS DE L’ENQUETE


Trois semaines étaient passées depuis la réunion de la commission. Christian s’était plongé intensivement dans la recherche d’informations sur la natalité dans le monde.

Il consacrait chaque moment libre à s’immerger dans le net à fureter dans l’espoir de trouver l’information clé qui expliquerait la lente dégradation de la natalité mondiale. Les théories sociales et économiques avaient la cote. Le bien-être du développement expliquait la baisse de la mortalité périnatale et par conséquent du besoin qu’avait l’humanité à se reproduire intensivement. La recherche du bien être poussait les jeunes des pays développés à retarder l’âge du mariage et aussi celui de la maternité. L’émancipation de la femme et les progrès de la contraception avaient permis une maternité plus maitrisée.

Tout cela semblait logique, mais Christian restait dubitatif. Si toutes ces théories expliquaient seules la dénatalité croissante, l’humanité allait changer car déjà actuellement il y avait un manque de main d’œuvre dans les pays à basse natalité. Les changements étaient donc à notre porte, ce n’était pas pour les générations futures, cela commençait aujourd’hui.

Son esprit s’égarait dans des considérations philosophico-politique lorsque son ordinateur l’avertit de l’arrivée d’un mail.

Cavignac rendait sa copie de l’annexe sur la comparaison des différents pays du monde industrialisé. Il y avait des différences, mais faibles par rapport aux comparaisons mondiales. Il évoquait aussi très diplomatiquement la difficulté d’avoir des données statistiques « comparables » avec la Chine et l’Inde. Silence radio sur l’Afrique. L’annexe était claire et précise mais en fin de compte n’apportait pas grand-chose de plus au rapport lui-même. Christian était déçu car il attendait de ce travail une étincelle qui aurait pu embraser le développement de la réflexion sur le problème de la dénatalité.

Cependant dans ses commentaires personnels Cavignac soulevait un problème qu’il avait cru percevoir dans la masse d’informations qu’il avait consulté. La dénatalité semblait s’accentuer brutalement ces derniers temps. Par contre, l’accentuation ne se présentait pas en même temps dans tous les pays. Les statistiques récentes étaient évidemment encore très partielles et dangereuses à interpréter. Mais il semblait que les pays où la courbe s’était raidie le plus tôt étaient aussi ceux où l’âge du mariage était le plus précoce. Devant le peu de certitudes qu’apportaient des statistiques incomplètes il ne savait pas s’il fallait également intégrer ce point à son annexe.

Christian bondit. Voilà un fait marquant. Si c’était confirmé, ce serait une piste. Il réfléchissait à toute vitesse. Il y avait eu des à-coups dans la courbe de dénatalité. Un nouvel à coup se présentait. Et si cet à-coup était le résultat d’un événement extérieur ? Quelque chose qui modifierait la fécondité des couples. On quittait les statistiques des démographes pour revenir aux sciences de la vie, son domaine. On parlait beaucoup des perturbateurs endocriniens. Était-ce dans cette direction qu’il fallait s’engager ? Tchernobyl lui traversa l’esprit. C’était une autre voie mais il renonça vite. Tchernobyl d’accord pour l’Europe, mais les Etats-Unis et l’Australie…

En fin de compte les possibilités étaient pléthore. Il fallait y réfléchir calmement. Par contre dans l’immédiat il était indispensable d’introduire cette info dans le rapport et d’ouvrir les voies à des investigations sur ce point. Le confirmer aussi bien évidemment.

Christian donna donc des instructions à Eric Cavignac pour modifier son annexe et convoquer rapidement la commission d’autant que les vacances arrivaient.

Ensuite il contacta Jérôme Cordier. Il fallait se faire aider par un statisticien chevronné et Cordier avait évoqué un candidat possible de ses connaissances, probablement à l’Université. On aviserait pour le coût éventuel de cette mission.

Jérôme Cordier écouta avec attention les nouveaux éléments développés par Christian. Il partagea son enthousiasme sur cette nouvelle voie d’approche du problème et félicita le de sa persévérance. Il y avait cependant un détail qu’il fallait évoquer.

-Ecoute Christian, je suis sûr que celui auquel je pense, ferait parfaitement l’affaire. Il est compétent et brillant. Il y a cependant deux choses que tu dois savoir : d’abord c’est mon beau-frère, le frère de ma femme. Je ne voudrais pas qu’on nous torpille sous le prétexte de népotisme. D’autant, et de deux, il est autiste…

Christian réfléchit un instant avant de répondre. D’abord le népotisme. C’était en effet un problème. Il imaginait déjà les réactions de Demoustier et probablement de François Rolland le juriste. Il fallait réfléchir à ce problème et ne pas se précipiter. Ensuite il y avait l’autisme qui était un peu mystérieux pour Christian, mais il savait qu’il ne s’agissait pas d’une maladie mais plutôt d’un trouble comportemental. Très exactement un Trouble Envahissant du Développement. Quant aux capacités intellectuelles des autistes, il savait qu’elles pouvaient être extraordinaires dans certains domaines. Il suffirait donc de gérer.

- Pour moi Jérôme, on doit pouvoir y arriver. Je n’ai pas d’à priori sur le fait que ton beau-frère soit autiste si tu me certifies qu’il est compétent pour nous aider. Je n’envisage pas de l’intégrer à la commission mais plutôt de faire appel à lui ponctuellement. Il faudra malgré tout le rémunérer et je dois voir cela avec Cavignac.

- Compétent c’est sûr. La rémunération, ce ne sera pas un vrai problème pour lui. Tu sais un autiste ne fonctionne pas comme nous. Si quelque chose est important et intéressant, il le fera d’abord pour cela. Si tu veux je lui en toucherai un mot et on verra bien comment il réagit.

- D’accord. Au fait que fait-il dans la vie ?

- Le plus souvent, il fait des « audits » en quelque sorte, surtout pour des compagnies d’assurance. Mais quand il trouve du travail c’est plutôt par le bouche-à-oreille, il n’a jamais réussi un examen d’embauche… Il est trop « différent ».

- Merci Jérôme. On trouvera une solution j’espère. On en reparle d’ici peu à la commission. Ce sera avant les vacances.

- A bientôt Christian.

Christian resta pensif après avoir raccroché. Il s’était un peu emballé. Il ne voyait pas comment éviter l’obstacle du népotisme, surtout aujourd’hui où l’ambiance politique rendait frileux n’importe quel responsable.

Cavignac fit diligence et la réunion de la commission put être fixée rapidement avant que les vacances ne commencent.

Christian arriva à 14h dans le bureau de Cavignac. Ils s’étaient donné rendez-vous pour préparer la réunion qui commencerait à 15h. Les deux hommes échangèrent leurs dernières informations et envisagèrent les réactions de la commission.

Finalement Christian aborda le sujet de l’expert en statistiques et la solution qu’il envisageait avec Jérôme Cordier. Cavignac fit la moue : d’une part, il n’y avait pas de budget prévu pour des expertises externes, les experts c’étaient eux sur papier ! Et d’autre part le lien de famille de Cordier avec le statisticien allait sûrement enclencher une levée de bouclier. Les deux hommes décidèrent de ne rien décider et de voir comment la réunion évoluerait.

La réunion avait lieu cette fois dans une autre aile du bâtiment. Christian et Cavignac arrivèrent bons derniers mais à l’heure. Chacun se salua aimablement et Christian ouvrit la réunion.

- Messieurs, vous avez reçu le projet de monsieur Cavignac. Nous étions déjà d’accord lors de la réunion précédente sur le texte général. Il nous reste...