Main Data
Author: Léa Marie Grez
Title: Terminus Blois Renaissance à Blois
Publisher: Books on Demand
ISBN/ISSN: 9782322645145
Edition: 1
Price: CHF 2.50
Publication date: 05/28/2025
Content
Category: Historical novels and short stories
Language: French
Technical Data
Pages: 174
Copy protection: Wasserzeichen
Devices: PC/MAC/eReader/Tablet
Formate: ePUB
Table of contents
Marie est une rescapée du terrible accident ferroviaire qui s'est produit en gare de Blois en 1994 où son mari et sa fille ont péri. En allant se recueillir sur leur pierre tombale en 2004, Marie rencontre deux squatteuses de tombes : Florence et sa fille Catherine. Qui sont-elles ? Pourquoi se recueillaient-elles devant sa" tombe" ? Pour le savoir, Marie n'a d'autre solution que de s'attacher aux basques de Florence, aidée en cela par Sami, son colocataire, un flic atypique. Que découvriront-ils ? Dépassant la douleur et la colère, les deux réprouvés s'attacheront à ces deux êtres pour se créer une nouvelle famille sous le décor des Châteaux de la Loire. Mais Marie découvrira que les apparences sont parfois trompeuses quand Florence, malade, lui révèlera sa vérité.

Léa Marie GREZ, 58 ans, informaticienne. Ce premier roman a été écrit lors d'une pause de trois ans en souvenir d'un voyage scolaire dans la région de Blois, région bénie des dieux et des rois. Mélangeant le réel à l'imaginaire, il donne vie à des personnages accidentés de la vie mais qui vont trouver une bouée de sauvetage dans l'océan de l'humanité.
Table of contents

CHAPITRE 1


« Maman, maman, Jules m’a volé mon Doudou ! » s’indigna une voix enfantine stridente. « Rends-le-moi ! » Somnolente à cause du calmant ingurgité, je revins difficilement de mon brouillard. «T’es qu’une menteuse Manon, j’étais en train de le remasser ton doudou ! maman, j’ai rien fait » La réponse de la mère me parvint au loin indistinctement. Où étais-je ? Dans le train ? Quel train ? Avec qui ? La sonnerie de ma montre, me ramena à la réalité : j’avais 10 minutes pour me préparer à descendre en gare de Blois, j’étais seule, entourée d’inconnus et nous étions en l’an 2004. Je mis des écouteurs pour ne pas entendre ce bruit infernal de freinage crissant sur des rails rouillés. Non les enfants que j’entendais n’étaient pas de moi. Non, une voix de fillette appelant maman, cela ne me concernait pas, cela ne me concernerait plus jamais.

Le songe d’une vie parfaite s’était envolé il y a une éternité.

J’agrippais l’accoudoir et le serrais très fort comme on agrippe une bouée de sauvetage quand on craint de se noyer en pleine mer. Je me mis à respirer fortement comme si mes poumons allaient éclater et mon cœur s’emballer une dernière fois avant de s’arrêter.

Le train glissa dans un bruit de ferraille mal clipsée, mais s’arrêta ... enfin.

Je sortis la dernière du wagon après avoir repris possession de mes sens, de mon bagage, de ma respiration, un peu en sueur.

Le train repartit pour son escale suivante. Manon, Jules et le Doudou continueraient leur chemin sans histoires vers la mer.

Mon voyage était tout autre. Le temps revigorant du printemps m’enveloppa comme un manteau chauffant en sortant de la gare. La vie reprenait ses droits après un long hiver. Le ciel bleu platine encore embrumé se mariait aux cerisiers en fleurs. Le basculement d’horaire fin mars, accompagnait le renouveau de la nature décidé à profiter au maximum de ces longs jours ensoleillés, même timides. J’étais partie par le train de 8h de la Gare d’Austerlitz à Paris pour arriver à 9h30 ce lundi d’avril 2004. Ma destination était Blois entre Beauce et Sologne, là où toute ma vie avait basculé, 10 ans déjà.

Mon hôtel était près de la gare. J’arrivais trop tôt mais l’hôtesse me prit ma valise et me proposa un petit déjeuner. Je n’avais pas beaucoup mangé comme d’habitude le matin. Seul, un café fadasse passa le seuil de mes lèvres. Je savais que mon rendez-vous à venir allait être une épreuve et je voulais être légère pour l’affronter.

Ragaillardie mais inquiète, je partis à pied au cimetière pour ma réunion de famille annuelle : ma fille et mon mari m’y attendaient allongés ensemble pour l’éternité dans leur socle de pierre marbrée. Ce cimetière était une nécropole de ville aux allures de parc champêtre, un endroit entouré d’un mur haut, de noisetiers et d’écureuils. Le grincement de la porte en partie rouillée dérangea à peine quelques hirondelles de rivage et quelques corbeaux des champs venus ici, améliorer leur régime alimentaire. La terre en pente versait sur la Loire. Le bruit de la ville paraissait loin. C’était un versant ensoleillé le matin et calme. Qui s’amuserait à déranger les morts, à part les zombies de Mickael Jackson un soir de pleine lune ! Au fleuriste, à côté du cimetière, j’avais acheté un pot garni de jonquilles entourées de pensées et de primevères avant d’entrer. Les pensées représentaient bien ce qui émanait de moi, ce que je ressentais au moment présent comme tout au long de l’année. J’avais une trace invisible mais indélébile sur moi, tous les jours que Dieu faisait : un deuil perpétuel. La primevère, une des premières fleurs de l’année mi-sauvage, mi-domestiquée symbolisait l’innocence du premier jour. Ces deux fleurs étant des fleurs vivaces, elles n’auraient pas besoin des humains pour se reproduire d’année en année, contrairement à nous. Tel le Phénix, elles disparaitront, puis renaitront à la saison prochaine, indéfiniment. Peut-être même qu’elles seront les uniques traces que nous laisserons sur terre ma famille détruite et moi.

La dernière demeure de mes deux amours était sur la partie moyenne du cimetière, comprises dans un ensemble de 10 tombes. Ces pierres tombales avaient été regroupées à la suite de l’accident de train qui était survenu 10 ans plus tôt. Il y avait eu 25 morts mais la plupart avaient trouvé accueil dans les cimetières de leur famille respective. Il en restait 10, qui représentaient encore ce crash. Les autorités avaient dressé une stèle du souvenir avec tous les noms des décédés ainsi que la date de l’accident : 15 avril 1994.

Lorsque je m’approchai de la tombe de mes défunts, j’aperçu une femme accompagnée d’une jeune fille devant celle-ci, recueillies. Je me fis la supposition que ces personnes avaient perdu un membre de leur famille dans ce crash et qu’elles faisaient le tour des 10 tombes. Sûrement, elles étaient venues là pour rendre un hommage aux différents morts. Prudemment, je me rabattis sur la tombe d’à côté où se trouvait un homme âgé, en attendant leur départ. La femme parlait haut et avait un phrasé d’enseignante. C’était une voix claire, autoritaire, sûre d’elle. C’était la première fois que je la voyais : une brune permanentée naturelle ou artificielle, un peu charpentée, avec un corps sportif, pas loin de mon âge. Elle m’apparut dès le début comme une personnalité autoritaire. D’un ton péremptoire, elle expliquait à sa fille toutes les qualités qu’avait eues son père. Je crus qu’elles revenaient de la tombe du mari et que la mère était toujours en train de parler de son père à sa fille, tout en s’arrêtant par hasard devant ma tombe. Je restais stoïque, faisant semblant de me recueillir en déposant mes fleurs sur la tombe du voisin inconnu.

La mère paraissait être une maniaque du rangement car elle se mis à nettoyer ma tombe ! Elle devait avoir du temps libre pour passer sa journée au cimetière à nettoyer les tombes des autres ou vraiment s’ennuyer ! Ce n’est guère le genre d’endroit où l’on a envie de rester, on y restera bien assez tôt sans que l’on nous demande notre avis !

Qui aurait l’idée d’aller ranger sur une tombe d’un inconnu ? Déjà que l’on a du mal à aller sur les tombes de nos ancêtres pour y faire le ménage, ce n’est pas pour le faire ailleurs !

Prudente, je restais devant la stèle voisine tout en me recueillant. Je n’avais qu’une envie : qu’elles s’en aillent enfin ! J’essayais de me concentrer en rendant hommage à mes deux amours en silence comme je le faisais maintenant depuis 5 ans. Je ne compris pas tout de suite quand la brune permanentée parla à l’adolescente qui l’accompagnait, de sa sœur. Comme je n’avais pas suivi le début de la conversation, je crus qu’elle parlait de son autre fille, peut-être que celle-ci était restée à la maison.

La brune permanentée n’arrêtait pas de jacasser, ce qui avait le don de m’agacer. Je lui jetais des coups d’œil furtifs mais mauvais, espérant que cela l’amènerait à dégager le terrain. Au contraire, cela l’amena à me faire de petits sourires et enfin à me demander si cela ne me dérangeait pas.

– Excusez-moi pour le bruit, me dit-elle. Je vois que vous venez pour vous recueillir sur une des tombes de cette affreuse catastrophe. Ce fut affreux, n’est-ce pas ?

Sans attendre de réponse, elle continua :

– Moi, je viens pour le père de ma fille qui est enterré là car j’espère que ma fille ne l’oubliera jamais. Son autre fille était avec lui. C’était un homme merveilleux que je regrette profondément, continua-t-elle. Et vous, cette personne était quelqu’un de votre famille, si je ne suis pas indiscrète? fit-elle en montrant du menton la tombe qui était devant moi.

Indiscrète, si elle l’était même beaucoup, mais dans l’état de choc où je me trouvais, ce n’est pas la première idée qui me vint à l’esprit !

En avalant ma salive, je n’eus que le temps de répondre que j’étais venue pour rendre hommage à un...

 
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