Chapitre XI
Histoire de la vieille
« Je n’ai pas eu toujours les yeux éraillés et bordés d’écarlate ;
mon nez n’a pas toujours touché à mon menton, et je n’ai pas
toujours été servante. Je suis la fille du pape Urbain X et de la
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princesse de Palestrine . On m’éleva jusqu’à quatorze ans dans un
palais auquel tous les châteaux de vos barons allemands n’auraient
pas servi d’écurie ; et une de mes robes valait mieux que toutes les
magnificences de la Vestphalie. Je croissais en beauté, en grâces, en
talents, au milieu des plaisirs, des respects, et des espérances :
j’inspirais déjà de l’amour ; ma gorge se formait ; et quelle gorge !
blanche, ferme, taillée comme celle de la Vénus de Médicis ; et quels
yeux ! quelles paupières ! quels sourcils noirs ! quelles flammes
brillaient dans mes deux prunelles, et effaçaient la scintillation des
étoiles ! comme me disaient les poëtes du quartier. Les femmes qui
21 Voyez l’extrême discrétion de l’auteur ; il n’y eut jusqu’à présent aucun pape
nommé Urbain X ; il craint de donner une bâtarde à un pape connu. Quelle
circonspection ! quelle délicatesse de conscience ! (Note de Voltaire.) — Cette
note est posthume. Elle n’était même pas dans les éditions de Kehl. Je la tiens
de feu Decrois. Le dernier pape du nom d’Urbain est Urbain VIII, mort en
1644. (B.)
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m’habillaient et qui me déshabillaient tombaient en extase en me
regardant par devant et par derrière ; et tous les hommes auraient
voulu être à leur place.
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« Je fus fiancée à un prince souverain de Massa-Carrara : quel
prince ! aussi