: Antoine de Saint-Exupéry
: Citadelle. Illustrée
: Strelbytskyy Multimedia Publishing
: 9780880003919
: 1
: CHF 0.90
:
: Erzählende Literatur
: French
: 780
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Citadelle est une ?uvre posthume d'Antoine de Saint-Exupéry, parue en 1948. Citadelle est un livre qui n'a jamais été achevé ni retouché (ou très peu) par Saint-Exupéry. L'?uvre est restée à l'état de brouillon dactylographié imparfait avant d'être mis en forme, tant bien que mal, par l'éditeur. Fustigeant le monde qui l'entoure, Saint-Exupéry est persuadé, à partir de 1943, qu'il n'y a qu'un seul problème pour qui veut faire ?uvre d'écrivain parmi les hommes, c'est de leur 'rendre une signification spirituelle, des inquiétudes spirituelles.

Antoine de Saint-Exupéry est un aviateur et écrivain français.

«Ainsi se sont-ils vidés d'avoir cru posséder et obtenir et de s'être arrêtés sur la route, pour jouir, comme ils disent, de leurs provisions. Car il n'est point de provisions. Et je le sais, moi qui me suis fait prendre si longtemps au piège des créatures, sachant que celle-là que l'on formait dans quelque contrée étrangère et huilait de la perfection des aromates, il me serait possible de m'en saisir. Et j'appelais amour ce vertige. Et il me semblait que je mourrais de soif si je ne savais l'obtenir.

«Alors les fiançailles donnaient lieu à des fêtes retentissantes, colorées pour le peuple entier par la religion de l'amour. Et l'on versait des corbeilles de fleurs et l'on répandait des parfums et l'on brûlait des diamants qui avaient coûté la sueur, la souffrance, le sang des hommes, nés de la foule comme la goutte de parfum tirée des tombereaux de fleurs, et chacun cherchait sans trop comprendre à s'épuiser dans l'amour. Mais la voilà sur ma terrasse, captive tendre et prise dans le vent avec ses voiles. Et moi homme, et moi guerrier vainqueur tenant enfin la récompense de ma guerre. Et brusquement, en face d'elle, ne sachant plus que devenir…

«Ma colombe, lui disais-je, ma tourterelle, ma gazelle aux longues jambes…» car dans les mots que j'inventais je cherchais à la saisir, l'insaisissable! Fondue comme neige. Car n'était rien le don que j'attendais. Et je criais: «Où êtes-vous?» Car je ne la rencontrais point. «Où donc est la frontière?» Et je devenais donjon et rempart. Et les feux de joie dans ma ville brûlaient pour célébrer l'amour. Et moi seul, dans mon terrible désert, je la regardais, dévêtue, dormir. «Je me suis trompé de proie, je me suis trompé dans ma course. Elle fuyait si vite et je l'ai arrêtée pour m'en saisir… Et, une fois prise, elle n'était plus…» Mais je comprenais aussi mon erreur. C'est la course que je courais, et j'avais été fou comme celui-là qui a rempli sa cruche et l'a enfermée dans son armoire parce qu'il aimait le chant des fontaines…

«Mais si je ne te touche point, je te construis comme un temple. Et je te bâtis dans la lumière. Et ton silence renferme les campagnes. Et je sais t'aimer au-delà de moi et de toi. Et j'invente des cantiques pour célébrer ton empire. Et se ferment tes yeux, paupières du monde. Et je te tiens lasse dans mes bras, comme une ville. Tu n'es qu'une marche de mon ascension vers Dieu. Tu es faite pour être brûlée, consommée, mais non pour retenir… Et voilà que bientôt le palais pleure et que la ville entière se revêt de cendre car j'ai pris mille hommes d'armes et passé le porche de la ville dans la direction du désert, n'étant point s