: François de Salignac de La Mothe-Fénelon
: Les aventures de Télémaque Tome II
: Books on Demand
: 9782322253258
: 1
: CHF 3.50
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: Essays, Feuilleton, Literaturkritik, Interviews
: French
: 313
: Wasserzeichen
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: ePUB
Télémaque, fils d'Ulysse, inspiré par l'amour filial et par celui de la patrie, s'expose aux dangers d'un long voyage afin d'aller chercher son père, dont l'absence prolongée menace de causer de grands malheurs.

François de Salignac de La Mothe-Fénelon, dit couramment Fénelon, surnommé « le Cygne de Cambrai », est un homme d'Église, théologien, pédagogue et écrivain français, né le 6 août 1651 au château de Fénelon à Sainte-Mondane et mort le 7 janvier 1715 à Cambrai.

Livre onzième

SOMMAIRE

Idoménée raconte à Mentor que sa confiance aveugle en Protésilas a été la cause de tous ses malheurs. – Les artifices de ce favori parvinrent à le dégoûter du sage et vertueux Philoclès, et à lui faire croire qu’il tramait une conspiration contre lui. – Le roi abusé fit donner secrètement l’ordre de le faire mourir dans une expédition dont il l’avait chargé. – Timocrate, qui devait le frapper, manqua son coup, et, arrêté lui-même par Philoclès, il lui dévoila toute la trahison de Protésilas, – Philoclès se retira dans l’île de Samos, après avoir remis le commandement de sa flotte à Polymène. – Idoménée eut enfin la preuve des artifices de Protésilas, mais il ne put se résoudre à s’en défaire, et continua à se livrer aveuglément à lui. – Mentor fait ouvrir les yeux à Idoménée sur son injustice, et l’oblige à faire conduire Protésilas et Timocrate dans l’île de Samos, et à rappeler Philoclès auprès de lui. – Philoclès, heureux dans sa solitude, ne consent qu’avec beaucoup de peine à retourner parmi les siens et à reprendre ses premiers honneurs. – Il se décide enfin, après avoir reconnu que les dieux attachaient à son retour le bonheur de sa patrie. – Il arrive à Salente, et Idoménée, entièrement changé par les sages conseils de Mentor, lui fait l’accueil le plus honorable, et concerte avec lui les moyens d’affermir son gouvernement.

Protésilas, qui est un peu plus âgé que moi, fut celui de tous les jeunes gens que j’aimai le plus. Son naturel vif et hardi était selon mon goût : il entra dans mes plaisirs ; il flatta mes passions ; il me rendit suspect un autre jeune homme que j’aimais aussi, et qui se nommait Philoclès. Celui-ci avait la crainte des dieux, et l’âme grande, mais modérée ; il mettait la grandeur, non à s’élever, mais à se vaincre, et à ne rien faire de bas. Il me parlait librement sur mes défauts ; et lors même qu’il n’osait me parler, son silence et la tristesse de son visage me faisaient assez entendre ce qu’il voulait me reprocher. Dans les commencements, cette sincérité me plaisait ; et je lui protestais souvent, que je l’écouterais avec confiance toute ma vie, pour me préserver des flatteurs. Il me disait tout ce que je devais faire pour marcher sur les traces de mon aïeul Minos, et pour rendre mon royaume heureux. Il n’avait pas une aussi profonde sagesse que vous, ô Mentor ; mais ses maximes étaient bonnes : je le reconnais maintenant. Peu à peu les artifices de Protésilas, qui était jaloux et plein d’ambition, me dégoûtèrent de Philoclès. Celui-ci était sans empressement, et laiss