: Mme la Comtesse de Ségur
: Le Général Dourakine
: Books on Demand
: 9782322210480
: 1
: CHF 2.80
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: Kinderbücher bis 11 Jahre
: French
: 192
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
La suite de «L'auberge de l'Ange-Gardien», le personnage principal est le général Dourakine. Accompagné de ses amis de l'Ange-Gardien, le voici de retour à Gromiline, dans sa chère Russie. Hélas ! Trop riche pour vivre en paix, le brave général se trouve confronté aux manoeuvres hypocrites de la Papofski, sa redoutable nièce. De la bonté naïve ou de l'avidité sans scrupule, qui l'emportera ?

Sophie Rostopchine, comtesse de Ségur, est née le 19 juillet 1799 à Saint-Pétersbourg et est morte le 9 février 1874 à Paris. C'est une femme de lettres françaises d'origine russe.

II. Arrivée à Gromiline.


Après une journée fatigante, ennuyeuse, animée seulement par quelques demi-colères du général, on arriva, à dix heures du soir, au château de Gromiline. Plusieurs hommes barbus se précipitèrent vers la portière et aidèrent le général, engourdi, à descendre de voiture ; ils baisèrent ses mains en l’appelantBatiouchka (père) ; les femmes et les enfants vinrent à leur tour, en ajoutant des exclamations et des protestations. Le général saluait, remerciait, souriait. Mme Dérigny et les enfants suivaient de près. Dérigny avait voulu retirer de la voiture les effets du général, mais une foule de mains s’étaient précipitées pour faire la besogne. Dérigny les laissa faire et rejoignit le groupe, autour duquel se bousculaient les femmes et les enfants de la maison, répétant à voix basseFrantsousse (Français) et examinant avec curiosité la famille Dérigny. Le général leur dit quelques mots, après lesquels deux femmes coururent dans un couloir sur lequel donnaient les chambres à coucher ; deux autres se précipitèrent dans un passage qui menait à l’office et aux cuisines.

 

« Mon ami, dit le général à Dérigny, accompagnez votre femme et vos enfants dans les chambres que je vous ai fait préparer par Stéphane ; on vous apportera votre souper ; quand vous serez bien installés, on vous mènera dans mon appartement, et nous prendrons nos arrangements pour demain et les jours suivants.

 

– À vos ordres, mon général », répondit Dérigny. Et il suivit un domestique auquel le général avait donné ses instructions en russe.

 

Les enfants, à moitié endormis à l’arrivée, s’étaient éveillés tout à fait par le bruit, la nouveauté des visages, des costumes.

 

« C’est drôle, dit Paul à Jacques, que tous les hommes ici soient des sapeurs ! »

 

JACQUES. – Ce ne sont pas des sapeurs : ce sont les paysans du général.

 

PAUL. – Mais pourquoi sont-ils tous en robe de chambre ?

 

JACQUES. – C’est leur manière de s’habiller ; tu en as vu tout le long de la route ; ils étaient tous en robe de chambre de drap bleu avec des ceintures rouges. C’est très joli, bien plus joli que les blouses de chez nous.

 

Ils arrivèrent aux chambres qu’ils devaient occuper et que Vassili, l’intendant, avait fait arranger du mieux possible. Il y en avait trois, avec des canapés en guise de lits, des coffres pour serrer les effets, une table par chambre, des chaises et des bancs.

 

« Elles sont jolies nos chambres, dit Jacques ; seulement je ne vois pas de lits. Où coucherons-nous ? »

 

DÉRIGNY. – Que veux-tu, mon enfant ! s’il n’y a pas de lits, nous nous arrangerons des canapés : il faut savoir s’arranger de ce qu’on trouve.

 

Dérigny et sa femme se mirent immédiatement à l’ouvrage, et quelques minutes après ils avaient donné aux canapés une apparence de lits. Paul s’était endormi sur une chaise ; Jacques bâillait, tout en aidant son père et sa mère à défaire les malles et à en tirer ce qui était nécessaire pour la nuit.

 

Ils se couchèrent dès que cette besogne fut terminée, et ils dormirent jusqu’au lendemain. Dérigny, avant de se coucher, chercha à arriver jusqu’au général, qu’il eut de la peine à trouver dans la foule de chambres et de co