Comment le cerveau intègre-t-il les informations qu’il perçoit par les sens pour que nous puissions interagir avec notre environnement ? A-t-il élaboré un code pour traiter la masse colossale de données que tout être humain enregistre chaque jour au cours de sa vie ? Comment perçoit-il l’espace et le temps pour indexer ces informations ? Mais surtout, de quelle façon parvient-il à reconstruire, à partir des entrées sensorielles, une représentation du monde en schématisant l’organisation de ces données au point de pouvoir, dans certaines conditions, anticiper les événements ? Il est devenu crucial de pouvoir répondre à ces questions pour définir les règles d’intégration qui sont à la base des grandes fonctions sensorielles, cognitives et comportementales.
Une des difficultés majeures pour y parvenir réside dans le fait que cette schématisation sensorielle de l’information s’applique à tous les domaines. Elle peut donc être abordée de bien des façons. Toutefois, quel que soit l'intérêt que l'homme porte aux mathématiques, à la physique, à la biologie ou à l'économie, c'est avant tout à lui-même qu'il s'intéresse et à la technologie parce qu'elle structure son cadre de vie et fait partie des moyens qu'il sollicite spontanément pour agir. Cette considération nous a incités à consacrer le premier chapitre de cet ouvrage au moment où l’homme est passé du statut de chasseur-cueilleur à celui d'agriculteur-éleveur. Cette période, au cours de laquelle il commença à modifier son environnement en manipulant le vivant –végétal et animal – devait faire de lui un villageois, puis un urbain. Elle allait aussi libérer des flux démographiques qui aboutiraient à une transformation d