: Comtesse de Ségur
: Un Bon Petit Diable
: Books on Demand
: 9782322221004
: 1
: CHF 2.80
:
: Kinderbücher bis 11 Jahre
: French
: 228
: DRM
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
En Ecosse, vers 1840, Charles, orphelin a été confié à une cousine acariâtre et avare, la vieille Mme Mac'Miche. Il se protège et se venge de sa tyrannie par des inventions et des farces qui la mettent hors d'elle. Il rend souvent visite à une autre cousine, Juliette Daikins. Un peu plus âgée que lui, orpheline aussi et aveugle, elle vit sous la tutelle de sa soeur ainée, Marianne. Charles voudrait bien changer de tutrice. Mais la sienne le met en pension chez M. Old Nick (c'est là le surnom du diable , en anglais !) où il vit l'enfer mais poursuit ses diableries. Ce n'est qu'à la mort de Mme Mac'Miche qu'il pourra rejoindre ses cousines Daikins, et faire sa vie avec elles.

Comtesse de Ségur, Sophie Rostopchine est une femme de lettre française d'origine russe, arrivée en France à dix-sept ans. Elle fut mère de huit enfants et grand-mère avant de se mettre à écrire pour eux ce qui deviendra les Nouveaux contes de fées. Suivent alors de nombreux romans qui mêlent une inspiration biographique selon l'adage « n'écris que ce que tu as vu » et leçons de vie ou leçon morale. Entrée en religion sous le nom de soeur Marie-Françoise, la Comtesse continue à écrire jusqu'à sa mort.

II - L'aveugle



L’aveugle

« Comment, te voilà encore, Charles ? dit Juliette en entendant ouvrir la porte.

CHARLES

Comment as-tu deviné que c’était moi ?

JULIETTE

Par la manière dont tu as ouvert ; chacun ouvre différemment, c’est bien facile à reconnaître.

CHARLES

Pour toi, qui es aveugle et qui as l’oreille si fine ; moi, je ne vois aucune différence ; il me semble que la porte fait le même bruit pour tous.

JULIETTE

Qu’as-tu donc, pauvre Charles ? Encore quelque démêlé avec ta cousine ? Je le devine au son de ta voix.

CHARLES

Eh ! mon Dieu oui ! Cette méchante, abominable femme, me rend méchant moi-même. C’est vrai, Juliette ; avec toi, je suis bon et je n’ai jamais envie de te jouer un tour ou de me fâcher ; avec ma cousine, je me sens mauvais et toujours prêt à m’emporter.

JULIETTE

C’est parce qu’elle n’est pas bonne, et que toi, tu n’as ni patience ni courage.

CHARLES

C’est facile à dire, patience ; je voudrais bien t’y voir ; toi qui es un ange de douceur et de bonté, tu te mettrais en fureur. »

Juliette sourit.

« J’espère que non, dit-elle.

CHARLES

Tu crois ça. Écoute ce qui m’arrive aujourd’hui depuis la première fois que je t’ai quittée ; à ma seconde visite, je ne t’ai rien dit, parce que j’avais peur que tu ne me fisses rentrer chez moi de suite ; à présent j’ai le temps, puisque ma cousine dort, et tu vas tout savoir. »

Charles raconta fidèlement ce qui s’était passé entre lui, sa cousine et Betty.

« Comment veux-tu que je supporte ces reproches et ces injustices avec la patience d’un agneau qu’on égorge ?

– Je ne t’en demande pas tant, dit Juliette en souriant ; il y a trop loin de toi à l’agneau ; mais, Charles, écoute-moi. Ta cousine n’est pas bonne, je le sais et je l’avoue ; mais c’est une raison de plus pour la ménager et chercher à ne pas l’irriter. Pourquoi es-tu inexact, quand tu sais que cinq minutes de retard la mettent en colère ?

CHARLES

Mais c’était pour rester quelques minutes de plus avec toi, pauvre Juliette ; il n’y avait personne chez toi quand je t’ai ramenée.

JULIETTE

Je te remercie, mon bon Charles ; je sais que tu m’aimes, que tu es bon et soigneux pour moi, mais pourquoi ne l’es-tu pas un peu pour ta cousine ?

CHARLES

Pourquoi ? Parce que je t’aime et que je la déteste ; parce que chaque fois qu’elle se fâche et me punit injustement, je veux me venger et la faire enrager.

– Charles, Charles ! dit Juliette d’un ton de reproche.

CHARLES

Oui, oui, c’est comme ça ; elle a reçu des coups dans la poitrine, au visage ; j’ai fait cacher par Betty (qui la déteste aussi) ses vilaines dents dans sa soupe ; je lui ai arraché et déchiré sa perruque ; et quand elle va s’éveiller, elle va trouver son tabac plein de café, son livre et son ouvrage disparus ; elle sera furieuse, et je serai enchanté, et je serai vengé !

JULIETTE

Vois comme tu t’emportes ! Tu tapes du pied, tu tapes les meubles, tu cries, tu es en colère, enfin ; tu fais juste comme ta cousine, et t