: Bernard Jean René Dusert
: Les aventures et mésaventures de Titine, un cabriolet pas comme les autres ... Un quinquennat de galère
: Books on Demand
: 9782322480685
: 1
: CHF 6.50
:
: Fahrzeuge, Flugzeuge, Schiffe, Raumfahrt
: French
: 278
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Ce livre retrace les aventures, et surtout les mésaventures, que j'ai vécues avec ma petite Peugeot 304 S cabriolet. La tournure est volontairement humoristique,même si les galères rencontrées pousseraient certains, à propulser ce petit cabriolet directement dans la presse du ferrailleur. Tout ce qui est conté est rigoureusement exact.Aucun problème n'a été inventé, même si la narration pousserait à penser le contraire.Ce tome, et les suivants, peuvent aussi servir de précis mécaniques pour les nulles ... mais pas que ...! Il vous fera aussi partager les bons moments passés aux volants de ce petit cabriolet, car il y en a, et heureusement !

Né en 1955 à Vaulx-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise où il vécut 21 ans, l'auteur a suivi des études d'électronique avant de mettre en pratique ses connaissances dans différentes entreprises. Il en fit sa passion pendant près de quinze ans avant de devenir, à son tour, professeur d'électronique dans un centre professionnel pendant cinq ans. Par la suite, il changea d'orientation en devenant instructeur sur simulateur jusqu'à la retraite, après un passage de cinq ans dans un centre d'ingénierie en tant qu'ingénieur pilote de réalisation en informatique industrielle. En parallèle de sa carrière professionnelle, passionné de mécanique automobile, il a occupé une partie de ces loisirs à entretenir et réparer ses propres voitures et parfois, celles de ses amis(es) ou voisins. Son rêve était d'acquérir une voiture ancienne qu'il pourrait remettre en état. Ce n'est que deux ans après sa mise à la retraite, en 2010, qu'il put réaliser son rêve en achetant une Peugeot 304 cabriolet de 1973.

11) UNE RECHERCHE DE PANNE LABORIEUSE :


Bon, ce n’est pas le tout d'être rentré, il faut trouver ce que revendique le cylindre numéro 4. Première manip, je change le faisceau d'allumage et les quatre bougies. Monsieur ‘Oscar’, bien connu des mécaniciens privés et adeptes du Web, a ça dans son magasin. Il ne me reste plus qu’à attendre l’arrivée du colis.

Résultat : après ce remplacement, aucun retour au travail du contestataire. Deuxième manip, changer la tête d’allumeur. Toujours aucune amélioration. Un doute m’assaille (comme dirait un guerrier africain de grande taille). Et si c’était de l’huile qui noie la bougie ?

- « Allo JP ! Que penses-tu de mon diagnostique ? »

- « Peu probable ! Il faut regarder les compressions ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Après lui avoir emprunté l’outil adéquat, je vérifie les quatre cylindres : Je ne vois rien de remarquable. Le contestataire est même légèrement meilleur que ses trois frères. Quelle guigne ! Où chercher ? Si de l’huile arrive à la bougie, il faut chercher par où elle peut transiter. Un guide soupapes ou un segment cassé ? L’envie de déculasser me démange, mais le fiston m’en dissuade rapidement. Nous sommes dans le domaine du TPPC (Touche Pas ça Petit Con).

Comment voir ce qui se passe dedans sans démonter ? Il me reste l’outil du proctologue... Celui qui pénètre par le petit trou pour voir ce qui se passe à l’intérieur. Autrement dit, un endoscope.

Il se trouve que, bien que n’étant pas dans la partie médicale, j’ai un engin de ce type dans mon bric-à-brac. Les mécanos amateurs savent que, quand on bricole dans un moteur, il y a toujours un écrou, ou une pièce indispensable, qui tombe en suivant la loi de Murphy, à savoir dans un endroit inaccessible et bien à l’abri des regards. C’est après avoir été confronté moult fois à une telle situation, que j’avais décidé d’acquérir ce matériel. Ce dernier possède un petit écran et fonctionne de façon autonome avec des piles. Sa ressemblance avec l’outil médical s’arrête au principe suivant : une fibre optique souple guide l’image observée vers un objectif. Puis, après traitement électronique, cette image est renvoyée sur un petit écran. Deux autres fibres conduisent la lumière issue de LED vers la zone à éclairer. Les trois fibres sont glissées dans un petit tuyau annelé et souple. Ce dernier peut se contorsionner dans tous les sens, pour aller fouiller dans les recoins inaccessibles.

C’est donc par le trou de la bougie que je fais pénétrer le petit tuyau. Impossible de voir l’intégralité du piston à cause du manque de souplesse de mon engin (Je parle de l’endoscope évidemment.). Cependant, en comparant le cylindre rebelle, et le travailleur d’à côté, il y a une différence de couleur.

- « Pas suffisant comme preuve ! » me disent en cœur mes deux chirurgiens mécanos.

- « C’est peut-être de l’huile, mais cela ne nous dit toujours pas d’où elle vient. Si c’est un guide-soupape, il faut vérifier avant de déculasser » me soumet JP.

Le seul moyen pour ça, retirer les pipes d’admission. C’est donc avec un regard dubitatif que j’analyse ce qu’il va falloir démonter. Bon ! A première vue, ça paraît simple (Toujours se méfier du ‘à première vue’). Il faut retirer les manchons souples qui relient les pipes d'admissions à la culasse. Hé oui ! Sur ces moteurs, la partie ‘carburateur’ plus pipes d'admission, n'est pas fixée directement sur le bloc-moteur, mais est reliée à ce dernier par 4 manchons (1 par cylindre). Ces derniers sont faits d'une matière qui ressemble à celle des durites (*) d'eau.

Pour moi, ce démontage est une première sur Titine, car jusqu'à présent, je n'avais pas eu le droit de toucher. C'était réservé à mon duo de chirurgiens. Quel plaisir de pouvoir enfin mettre les mains dans le cambouis ! Quand je dis cambouis, c'est une façon de parler, parce qu’en ce qui concerne Titine, tout a été nettoyé à fond lors du remontage. Ce ne sont pas les quelques 300 km parcourus depuis sa réintégration au domicile, qui ont pu"cochonner" quelque chose. C'est alors plein d'espoir que je m'attaque à ce chantier. Je pensais naïvement que sur ces moteurs, les designers des années 70 n'avaient pas encore été frappés par la maladie qui consiste à faire ch... tout amateur de bricolage qui souhaiterait se dépanner avec de simples outils, et cela, en dehors du réseau du Lion. Que nenni, comme dirait mon ami Francis ! Cette foutue maladie avait déjà commencé à leur ronger les neurones. C'était moins flagrant que pour les modèles des années 2000, mais à l'époque, ils avaient déjà trouvé l’astuce vicieuse, de maintenir le carburateur par deux pattes métalliques, reliées entre elles, à une des extrémités d'un silent bloc, lui-même vissé par l'autre extrémité sous le collecteur d'admission. Bon ! Vous allez me dire :"Et alors ?". Ben, sachez que si on veut dévisser l’écrou qui maintient ce sillent Bloc, il faut être muni de mains, non potelées, de bébé contorsionniste, pour passer entre les différents organes, comme le maître-cylindre de frein, les tuyaux du récepteur d'embrayage, les durites d'eau... et j'en passe. Tout ça, bien évidemment, dans une position où vous commencez à regretter d'avoir entrepris ce chantier après déjeuner (rapport à la compression que vous faites subir à votre estomac, en vous vautrant sur l'aile gauche de l'auto). C'est aussi sans compter sur le risque de voir vos dents goûter du cache culbuteur, après que vos pieds aient quitté malencontreusement le sol, suite à cette foutue loi physique qui précise que l'équilibre d'un corps n'est assuré, que lorsque la projection du centre de gravité reste dans la base de sustentation. Mesurant 1,80 m, j'arrive très vite à ce point de nonéquilibre en me couchant sur l'aile de Titine.

(*)Durite : Tuyau en caoutchouc ou en silicone servant à transporter différents fluides nécessaires au bon fonctionnement d'un ensemble mécanique

Autre solution, désaccoupler les deux fameuses pattes côté blocmoteur. Mais là aussi, il faut essayer de passer une clef à rallonge entre les pipes d'admission, rallonge fine qui irait jusqu'au niveau du carter d'huile ! Pour les non-initiés, plus d'une trentaine de centimètres. Hélas, malgré ma panoplie du parfait mécano, je n'ai pas ça. C'est donc en m'arc-boutant sur l'aile, et en passant mes mains où, il faut se rendre à l'évidence, les designers n'avaient pas prévu qu'un fada essaierait de passer en force, que j'atteins ce foutu boulon pour le desserrer, quart de tour par quart de tour. Quelle idée de mettre des boulons aussi longs ? Après avoir mis mes petites menottes dans le même état que celles de la malheureuse assistante vétérinaire, qui croyait naïvement qu'elle pouvait maîtriser à mains nues, notre vieille chatounette, pour lui retirer des points sans anesthésie, je réussis enfin à désolidariser l'ensemble ‘pipes/carbu’ du moteur. Il ne reste plus qu'à désaccoupler les manchons cités plus haut.

Pour démonter, pas de problème. Il suffit de tirer dessus en s'aidant d'un tournevis pour décoller les premiers centimètres. Mais pour le remontage, c’est une autre paire de manches. J'en ai eu la confirmation un peu plus tard.

Les manchons retirés, il me reste encore à inspecter l’orifice ainsi dégagé. Là aussi, il y a une petite différence de couleur, mais rien de probant

J’aurais aimé voir couler de l’huile, comme lorsqu'on presse un beignet trop gras de chez Mc do. Mais là, rien de tout ça. Il y a de quoi s’arracher les cheveux (s’il m’en restait sur le caillou). Nous sommes déjà au mois de septembre et aucun test n’a abouti. Pourtant, ça phosphore chez JP. Malgré toute son expérience de moteurs capricieux, impossible de trouver pourquoi le cylindre sournois se plaît à noyer sa bougie.

C'est donc la mort dans l’âme que nous prenons la décision de retirer la culasse. Manque de bol, au même moment, JP prend une autre...