: . Comtesse de Ségur
: Après la pluie, le beau temps
: Books on Demand
: 9782322257812
: 1
: CHF 2.40
:
: Kinderbücher bis 11 Jahre
: French
: 268
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Geneviève est un coeur d'or : chacun trouve grâce à ses yeux. Même le cousin Georges, qui l'entraîne dans bien des bêtises, même M. Dormère, son oncle, qui a la faiblesse de trouver que Georges est le plus parfait des garçons. Car les coeurs sont aveugles parfois... La comtesse de Ségur (1799-1874), née Sophie Rostopchine à Saint-Pétersbourg, découvre sur le tard sa vocation et, en 13 ans, écrit avec un rare bonheur la vingtaine de livres qui constitueront son oeuvre singulière, entièrement vouée à l'enfance, partout reconnue et appréciée.

Après une enfance dans son domaine de Voronovo, Sophie Rostopchine, fille du comte Rostopchine, ministre du Tsar Paul 1er et gouverneur de Moscou, se voit dans l'obligation de fuir la Russie en 1817, et se rend avec sa famille en France. En 1819, elle épouse le comte de Ségur et c'est pendant son voyage de noces qu'elle remarquera un château,'Les Nouettes', du côté d'Aube, dans l'Orne, entouré de bouleaux qui lui rappellent le parc de son enfance. Ils auront huit enfants mais c'est véritablement pour ses petits-enfants que la comtesse va commencer à écrire, notamment quand Camille et Madeleine, héroïnes des'Petites filles modèles', partent à Londres où leur père est muté. Elle est aujourd'hui l'auteur de vingt romans connus de tous, où le bien triomphe toujours du mal, mais où le plaisir ressenti à leur lecture prouve que ses histoires traversent les générations.

II


La visite


Après le dîner, M. Dormère se retira au salon et se mit à lire ses journaux qu’il n’avait pas achevés ; les enfants restèrent dehors pour jouer. Mais Geneviève était triste ; elle restait assise sur un banc et ne disait rien. Georges allait et venait en chantonnant ; il avait envie de parler à Geneviève, mais il sentait qu’il avait été lâche et cruel à son égard.

Pourtant, comme il s’ennuyait, il prit courage et s’approcha de sa cousine.

« Veux-tu jouer, Geneviève ? »

Geneviève.


Non, Georges, je ne jouerai pas avec toi : tu me fais toujours gronder.

Georges.


Je ne t’ai pas fait gronder : je n’ai rien dit.

Geneviève.


C’est précisément pour cela que je suis fâchée contre toi. Tu aurais dû dire à mon oncle que c’était toi qui étais cause de tout, et tu m’as laissé accuser et gronder sans rien dire. C’est très mal à toi.

Georges.


C’est que,... vois-tu, Geneviève,... j’avais peur d’être grondé aussi ; j’ai peur de papa.

Geneviève.


Et moi donc ? J’en ai bien plus peur que toi. Toi, tu es son fils, et il t’aime. Moi, il ne m’aime pas, et je ne suis que sa nièce.

Georges.


Oh ! Geneviève, je t’en prie, pardonne-moi ; une autre fois je parlerai ; je t’assure que je dirais tout.

Geneviève.


Tu dis cela maintenant ! tu as dit la même chose le jour où le renard a déchiré ma robe avec ses dents. Je ne te crois plus.

Georges.


Ma petite Geneviève, je t’en prie, crois-moi et viens jouer. »

Geneviève, un peu attendrie, était sur le point de céder, quand une voiture parut dans l’avenue et, arrivant au grand trot, s’arrêta devant le perron.

Une jeune dame élégante descendit de la calèche, suivie d’une petite fille de huit ans, de l’âge de Geneviève, d’un petit garçon de douze ans, de l’âge de Georges, et d’une grosse petite dame d’environ trente ans, laide, couturée de petite vérole, mais avec une physionomie aimable et bonne qui la rendait agréable.

Ce fut elle qui s’approcha la première de Geneviève.

« Bonjour, ma petite ; comme vous êtes gentille ? Où est donc votre oncle ? Bonjour, Georges. Ah ! comme vous voilà vert ! Une vraie perruche ! Vert de la tête aux pieds. Comment vous laisse-t-on habillé si drôlement ? Ha, ha, ha ! Viens donc voir, Cornélie. Un vrai gresset. Vois donc, Hélène ; ne va pas te mettre comme cela, au moins. »

Mme de Saint-Aimar s’approcha à son tour, embrassa Georges très affectueusement et dit :

« Mais il est très gentil comme cela ! À la campagne, est-ce qu’on fait dix toilettes par jour ? C’est très bien de ne pas avoir de prétentions ; il sera tombé dans l’herbe probablement.

Geneviève.


Non, madame, c’est en m’aidant à me tirer des ronces qui me déchiraient, que le pauvre Georges s’est sali et un peu écorché.

Madame De Saint-Aimar.


Comme c’est gentil ce que vous dites là, Geneviève. Vois, Louis, comme elle est généreuse ; comme elle excuse gentiment ceux qu’elle aime ! Charmante enfant ! »

Elle embrassa encore Geneviève et entra avec sa grosse cousine dans le salon.

« Bonjour, cher monsieur, dit-elle en tendant la main à M. Dormère. Nous venons d’embrasser vos enfants ; ils sont charmants. »

Mademoiselle Primerose.


Bonjour, mon cousin. Quelle drôle de mine a votre garçon ! Comment la bonne le laisse-t-elle arrangé en gresset ? Voulez-vous que j’aille la chercher pour le rhabiller ?

Madame De Saint-Aimar.


Qu’est-ce que cela fait, Cunégonde, que l’enfant ait un peu verdi sa veste et son pantalon ? Laisse-le donc tranquille.

M. Dormère.


Je vous demande pardon de sa tenue, chère madame ; je crois que ma cousine a raison de vouloir lui faire changer de vêtements...

Madame De Saint-Aimar.


Mais non, mais non, cher voisin ; Geneviève nous a bien gentiment expliqué que c’était par bonté pour elle, pour la tirer d’un fourré de ronces, qu’il avait mis du désordre dans ses vêtements ; c’est très honorable.

Mademoiselle Primer