: . Comtesse de Ségur
: Le mauvais génie
: Books on Demand
: 9782322257799
: 1
: CHF 2.40
:
: Kinderbücher bis 11 Jahre
: French
: 195
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Orphelin, Julien est recueilli par des fermiers, les Bonard. Affectueux et sage, il fait le bonheur de ses maîtres. Mais pas Frédéric, leur fils, qui préfère écouter ce mauvais génie d'Alcide. Un étrange anglais, M. Georgey, bat la campagne à la recherche de turkeys, des dindes. Très friand de la chair de cet animal, l'original tombe dans la basse-cour des Bonard et fait une entrée remarquée...

Après une enfance dans son domaine de Voronovo, Sophie Rostopchine, fille du comte Rostopchine, ministre du Tsar Paul 1er et gouverneur de Moscou, se voit dans l'obligation de fuir la Russie en 1817, et se rend avec sa famille en France. En 1819, elle épouse le comte de Ségur et c'est pendant son voyage de noces qu'elle remarquera un château,'Les Nouettes', du côté d'Aube, dans l'Orne, entouré de bouleaux qui lui rappellent le parc de son enfance. Ils auront huit enfants mais c'est véritablement pour ses petits-enfants que la comtesse va commencer à écrire, notamment quand Camille et Madeleine, héroïnes des'Petites filles modèles', partent à Londres où leur père est muté. Elle est aujourd'hui l'auteur de vingt romans connus de tous, où le bien triomphe toujours du mal, mais où le plaisir ressenti à leur lecture prouve que ses histoires traversent les générations.

III


L’Anglais et Alcide


Peu de jours après, Julien était aux champs, faisant paître ses dindes, lorsqu’un homme qu’il ne connaissait pas s’approcha du troupeau et le regarda attentivement. Il s’approcha de Julien.

L’homme


Eh ! pétite ! C’était à toi ces grosses hanimals ?

– Non, m’sieur » répondit Julien, surpris de l’accent de l’étranger.

L’homme


Pétite, jé voulais acheter ces grosses hanimals ; j’aimais beaucoup les turkeys.

Julien ne répondit pas : il ne comprenait pas ce que voulait cet homme qui parlait si mal le français.

L’Anglais


Eh ? pétite ! tu n’entendais pas moi ?

Julien


J’entends bien, m’sieur mais je ne comprends pas.

L’Anglais


Tu comprénais pas, pétite nigaude ? jé disais j’aimais bien les turkeys.

Julien


Oui, m’sieur.

L’Anglais


Eh bien ?

Julien


Eh bien, m’sieur, je ne comprends pas.

L’Anglais,impatienté.


Tu comprénais pas turkeys ? Tu savoir pas parler, alors.

Julien


Si fait, m’sieur ; je parle bien le français, mais pas le turc.

L’Anglais,de même.


Pétite himbécile ! jé parlais français comme toi, jé parlais pas turk. Et jé té disais : jé voulais acheter ces grosses hanimals, ces grosses turkeys.

Julien,riant.


Ah ! bien, je comprends. M’sieur appelle mes dindes des Turcs. Et m’sieur veut les avoir ?

L’Anglais


Eh oui ! pétite ! Combien elles coûtaient ?

Julien


Elles ne sont pas à moi, m’sieur ; je ne peux pas les vendre.

L’Anglais


Où c’est on peut les vendre ?

Julien


À la ferme, m’sieur ; Mme Bonard.

L’Anglais


Où c’est madme Bonarde ?

Julien


Là-bas, m’sieur. Derrière ce petit bois, à droite, puis à gauche.

L’Anglais


Oh ! moi pas connaître et moi pas trouver madme Bonarde. Viens, pétite, tu vas montrer madme Bonarde.

Julien


Je ne peux pas quitter mes dindes, m’sieur. Il faut que je les fasse paître.

L’Anglais


Pêtre ? Quoi c’est, pêtre ?

Julien


Paître, manger. Je ne les rentre que le soir.

L’Anglais


Moi, jé comprends pas très bien. Toi manger toutes les grosses turkeys ? Aujourd’hui ?

Julien


Non, m’sieur... Adieu, m’sieur. »

Et Julien, ennuyé de la conversation de l’Anglais, le salua et fit avancer les dindons ; l’Anglais le suivit. Julien eut beau s’arrêter, marcher, aller de droite et de gauche, l’Anglais ne le quittait pas. Julien, un peu troublé de cette obstination, et craignant que cet étranger ne lui enlevât une ou deux de ses dindes, les dirigea du côté de la ferme pour appeler quelqu’un à son aide.

Au moment où il allait tourner au coin du petit bois, il aperçut un jeune garçon qui en sortait, se dirigeant aussi vers la ferme.

Julien appela.

« Eh ! par ici, s’il vous plaît ! un coup de main pour rentrer plus vite mes dindes. »

Le garçon se retourna ; Julien reconnut Alcide. Il regretta de l’avoir appelé. Alcide accourut près de Julien, et à son tour reconnut l’Anglais, qu’il salua.

Alcide


Que me veux-tu, Julien ? Tu ne m’appelles pas souvent, et pourtant je ne demande pas mieux que de t’obliger.

Julien


Tu sais bien, Alcide, que mon maître nous défend, à Frédéric et à moi, de causer avec toi. Si je t’ai appelé aujourd’hui, c’est pour m’aider à ramener à la ferme mes dindes qui s’écartent ; elles sentent que ce n’est pas encore leur heure.

Alcide


Et pourquoi es-tu si pressé de les r