: . Comtesse de Ségur
: Les bons enfants
: Books on Demand
: 9782322257461
: 1
: CHF 2.50
:
: Kinderbücher bis 11 Jahre
: French
: 227
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Décidément, les idées de Sophie tournent toujours à la catastrophe ! Avec ses frères, Léonce et Arthur, elle teint un mouton en noir, brûle les poils du chien Bijou, et manque de mettre le feu à sa robe... Même quand ses cousins se réunissent pour raconter des histoires, la fillette ne peut s'empêcher de leur jouer des tours ! Pourtant, Louis parvient à captiver la malicieuse Sophie en racontant que sa tante, une nuit, a trouvé un cadavre sous son lit...

Après une enfance dans son domaine de Voronovo, Sophie Rostopchine, fille du comte Rostopchine, ministre du Tsar Paul 1er et gouverneur de Moscou, se voit dans l'obligation de fuir la Russie en 1817, et se rend avec sa famille en France. En 1819, elle épouse le comte de Ségur et c'est pendant son voyage de noces qu'elle remarquera un château,'Les Nouettes', du côté d'Aube, dans l'Orne, entouré de bouleaux qui lui rappellent le parc de son enfance. Ils auront huit enfants mais c'est véritablement pour ses petits-enfants que la comtesse va commencer à écrire, notamment quand Camille et Madeleine, héroïnes des'Petites filles modèles', partent à Londres où leur père est muté. Elle est aujourd'hui l'auteur de vingt romans connus de tous, où le bien triomphe toujours du mal, mais où le plaisir ressenti à leur lecture prouve que ses histoires traversent les générations.

IV


Moyen nouveau pour teindre en noir un mouton


– Maman, dit Arthur, âgé de six ans, voulez-vous me donner de la couleur noire ?

La maman


Certainement non ; tu vas faire des taches partout et tu saliras tes mains et tes habits.

Arthur


Oh non ! maman, je vous assure ; je ferai bien attention, je ne salirai rien du tout.

La maman


Pourquoi veux-tu avoir de la couleur noire ?

Arthur


Pour m’amuser, maman ; pour peindre.

La maman


On ne peint pas avec du noir, c’est très laid ; tu as une boîte de couleurs, des pinceaux, du papier, tu n’as pas besoin d’autre chose pour peindre.

Arthur


Mais, maman...

La maman,impatientée.


Laisse-moi lire, et va t’amuser avec ton frère. »

Arthur sort à pas lents ; il arrive dans la chambre à côté, ou l’attendait son frère Léonce.

Léonce(huit ans)


Eh bien ! as-tu du noir ?

Arthur


Je n’ai rien du tout ; maman n’a pas voulu m’en donner.

Léonce


Comment allons-nous faire ? Il nous en faut pourtant, et beaucoup.

Arthur


Si nous demandions à Sophie ?

Léonce


Sophie ne pourra pas nous donner de la couleur ; elle n’en a pas plus que nous.

Arthur


Non, mais elle a des idées ; elle inventera quelque chose.

Léonce


Je veux bien ; vas-y, toi ; je vous attendrai ici pour répondre à maman si elle demande ce que nous faisons. Va doucement ; ouvre les portes sans faire de bruit. »

Arthur sort sur la pointe des pieds ; il entre chez sa sœur Sophie, âgée de sept ans ; il la trouve occupée à laver sa poupée à grande eau ; l’eau coule partout ; ses manches et sa robe sont mouillées.

« Pst ! pst ! Sophie ?

Sophie,se retournant.


Quoi ? quoi ? Tu m’as fait peur : j’ai cru que c’était maman ou ma bonne.

Arthur


Chut !... Parle plus bas. Léonce te fait demander si tu as de la couleur noire.

Sophie


Non, je n’en ai pas. Pour quoi faire de la couleur noire ?

Arthur


Pour teindre notre gros mouton, qui est si blanc qu’il se salit toujours.

Sophie


Tiens, tiens, tiens ! c’est une bonne idée cela ; ce sera très amusant, et le mouton sera bien plus joli ; d’abord c’est très rare un mouton noir.

Arthur


Mais c’est que nous n’avons pas de couleur, malheureusement ; et je viens te demander comment faire pour avoir du noir.

Sophie,réfléchissant.


Comment faire ? Attends, que je pense un peu... J’ai une idée ! Prenons l’encrier et versons l’encre sur le mouton.

Arthur


Ce ne sera pas assez un encrier ; ce mouton est si grand !

Sophie


Eh bien ! nous prendrons la bouteille d’encre qui est dans le cabinet de maman.

Arthur


Bravo ! très bien ! Viens avec moi, mais tout doucement, pour que maman ne nous entende pas.

Arthur et Sophie vont dans le cabinet prendre la bouteille d’encre et arrivent sur la pointe des pieds près de Léonce, qui attendait avec impatience le résultat de la conférence.

Léonce


Eh bien ! avez-vous trouvé quelque chose ?

Arthur


Tiens ! une bouteille d’encre. C’est Sophie qui en a eu l’idée.

Léonce


Excellente idée ! Vite, commençons. Avec quoi allons-nous mettre l’encre sur le mouton ?

Sophie


En la versant tout doucement sur la tête, sur le dos, partout, il sera teint parfaitement, nous étalerons avec nos mains.

Léonce


C’est ça. Toi Arthur, et toi Sophie, vous étalerez l’encre, et moi je la verserai avec précaution. »

Léonce commence à verser ; il verse trop fort, l’encre coule sur le tapis. Sophie et Arthur en remplissent leurs mains, leurs habits ; il saute même des éclaboussures sur leurs visages. Léonce rit. Sophie se fâche et applique sa main pleine d’encre sur le visage de Léonce, qui se fâche à son tour et lance de l’encre au visage de Sophie ; Arthur veut arracher la bouteille des mains de Léonce ; en se débattant, Léonce jette de l’encre de tous côté